Les rideaux bleus

Hier et aujourd'hui, j'ai visionné et encore visionné un dvd que m'a envoyé un couple d'Hussein-Déens.
Bien que je sois retournée 3 fois en Algérie...1972....2005....et 2006...j ai débarqué comme nos amis ...avec eux sur notre sol natal....et j ai redécouvert encore une fois le bonheur d'embrasser le spectacle grandiose qu'offre la baie d'Alger.. ( je retournerai en bateau la prochaine fois, promis, juré).
Lors du passage réservé à notre cher HUSSEIN-DEY, comme quand j'y étais, en 2006...même le soir lorsque je descendais à pied afin d'aller chercher quelque chose pour dîner.. à l'hôtel El Dey (où j'étais descendue), nouvel et bel hôtel moderne, face à l'ancienne Ecole Gambetta, j'ai vu l'espace situé entre l'ancienne charcuterie qui vendait de si bons petits pâtés à la saucisse et à la soubressade, remplacée maintenant par un marchand de légumes... et la boulangerie pâtisserie de Georges Zanot.... Oui cher Georges ..tu aurais cru que tu allais y entrer et demander un pain au chocolat à tes chers parents !
Ladite charcuterie se trouvait en face des chaussures Bata.
En passant un peu vite quelquefois devant chez Hérard (le Pénalty, je pense ?) Puis la place de la République, le centre de santé les cycles Giraudo, les Anti bilieux, le Royal, le restaurant Les Cèdres, en lieu et place de Mme Yvorra la teinturière... notre ancien appartement 40 rue de Constantine transformé en une superbe boucherie... au 38 rue de Constantine, l'immeuble de Rachid (remplaçant de la famille Bénéjeam) Paillon, l'épicier, la menuiserie Phalip, le studio photo de mes parents, vendu à Gilbert Gaëta, l'ayant lui-même vendu à Monsieur Ben, toujours en place. Monsieur Djelloul le charmant libraire à l'angle de la rue Blandan, qui a remplacé Monsieur Bertachini, l'ancien emplacement du Club de l'OHD et tout et tout puis vers Lafarge.
La visite de l'ancien appartement du 30 rue de Constantine (où vivaient les amis m'ayant offert le dvd, avec vue sur la rue, les volets et les rideaux bleus comme dans presque tout l'Algérois, l'ancienne Auberge Provençale des Marchand (dont la fille Colette est devenue danseuse étoile) en face de l'ancienne caserne Hell...finalement je pense que les immeubles Randavel ont été démolis ainsi que la caserne Hell, et au bout, l'ancien immeuble de la coiffeuse Florence près du pont d'Hussein-Dey et pratiquement en face du nouveau et immense supermarché Carrefour de six étages, érigé en lieu et place de l'ancienne « cour des miracles ». Rue du Dr Payn, rue Lamoricière...
Et les ballades vers Maison Carrée, le Caroubier, le tombeau de la Chrétienne avec arrêts dans de petits restos sympas, entre amis. Tout, tout y était : les hauteurs d'Alger, les bruits de la vie, quoi ! Et donc celle que nous partageons avec nos amis lorsque nous allons leur rendre visite.
Et alors, vers la fin du film ... C H U T ... un vrai régal ... et le retour vers la France ....
Dans la soirée.. Toutes les illuminations de notre bel Alger qui offrent un panorama exceptionnel....de beauté.. de majesté et qui empreint nos sens de tant d émois et d émotions contradictoires .....de la foule de souvenirs et d' images qui se pressent devant nos yeux...au delà du site ...des images de ce que nous avons contemplé et celles superposées de nos souvenirs personnels.....de ce qui fut notre vie ....et que nous devons laisser à nouveau...mais empreints de sérénité..car avec espoir de le revoir...
Ne parlons pas de la musique qui accompagne ces 90 à 100 minutes de pur bonheur..tout est parfait..
Merci chers amis d'avoir régalé mes yeux de tout cela ...Merci du fond du coeur G et M
Une bise affectionnée...maintenant vous pourrez montrer cela à vos enfants... Merci...
Sabine

Ma chère Sabine,en lisant ce récit il me revient à la mémoire ces après- midi de ramadan quand au mouvement intense des gens qui font leurs derniers achats il faut ajouter l'odeur enivrante de la HRIRA ou de la CHORBA qui s'échappe des foyers pour s'ajouter aux senteurs des souks, parfums des herbes algéroises(coriandre, céleri, menthe) aux odeurs apaisantes de la galette chaude, surtout pour des jeûneurs, toutes ces bonnes odeurs me laissent très nostalgique.

Merci pour ces jolies paroles N., tu sais, lorsque j'ai vu cette vidéo...il aurait fallu que j'aie un enregistreur ...car je ne pouvais pas consigner toutes les émotions que j'ai ressenties...j'essaie de temps en temps de me demander pourquoi...nous ressentons si fort ce besoin de parler de là-bas...mais finalement ...bien qu'il y ait le souvenir, le rappel du giron maternel..il y a autre chose quand même..c'est que nous étions jeunes ...et nous ne pouvions pas imaginer quitter comme cela du jour au lendemain ces cieux si hospitaliers et tant aimés qui nous ont vus naître..ce qui fait que nous avons quelque part au fond de nous...une déchirure..un morceau de notre vie nous a été arraché...et j'ai tant d'émoi et je ressens de telles choses si fortement en moi...que je me retiens ...mais il y a tant de choses à dire ...à expliquer..tous ces petits riens ..qui font la vie...notre vie...auréolée par la jeunesse que nous avions le bonheur d'avoir en ce temps..car la jeunesse pare toute chose ...de beau ...de naturel...et puis en ce temps là...les jeunes filles étaient ....des jeunes filles ...et les garçons encore des adolescents purs je pense ..non vieillis par la vie actuelle qui fait que les enfants sont vieux...avant d'être jeunes..il y a tant à disserter sur ces sujets..Amicalement ..et je pense que tu sais tous les mots que je n'ai pas couchés sur les lignes mais qui sont là...près de mon coeur. Une bise cher N. Sabine

NB - j'écrivais ce texte entre 2006 et 2007

      Sabine Bachelet