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Lucette Sahuquet & Robert Castel

« Ces deux pieds-noirs nous ont vaincus. Avec leurs larmes, ils nous font rire »

Claude Sarraute  dans Le Monde





Un extrait du livre : « Je pose 75 mais je retiens tout »

« C’était l’heure où l’on ne distingue plus un cheveu blanc d’un cheveu gris. (…) "Rien n’est plus comme avant", dit Kaouito en brisant le silence d’un air désenchanté. Il venait d’allumer le brasier des souvenirs. "Tu as raison, les choses de maintenant, elle valent pas celles d’avant", dit Pastafagoule, en empruntant le même ton. Tout ce qu’il peut emprunter, Pastafagoule, il l’emprunte. En plus, y rend jamais (…) "Je vais vous dire, même le futur il est pas le même", ajouta Mustapha qui avait consulté une cartomancienne la veille. Le passé, on n’arrive pas à l’oublier. Quand on y pense, il vous vient de la nostalgie. "Ah ouais, la nostalgie, moi aussi je la sens comme on sent la menthe quand on boit le thé", soupira Bombaloeil, satisfait de sa métaphore olfactive … » 


La nostalgie

Robert Castel convient qu’on ne peut avancer en regardant dans le rétroviseur, mais pour lui, le passé est vivant.

Les arabes disent «  Ce qui est passé est mort ». J’ai l’audace de ne pas penser de cette façon. Tout le passé fait ce que je suis maintenant.

 «  Bien sûr, j’ai acheté un réfrigérateur, mais je me souviens de la gargoulette qu’on mettait sur le balcon entourée de chiffons mouillés, Bien sûr, j’ai un portable comme tout le monde, mais je suis toujours sensible au téléphone arabe qui n’est jamais en panne  et il n’y a pas de grève dans le téléphone arabe ».

Mon ami Kaouito

« Quand on quitte un pays, on regrette les coins, les ambiances, mais la première chose qu’on regrette ce sont les amis. Kaouito, je le regrette beaucoup, d’abord parce qu’il ne m’a pas rendu l’argent qu’il me devait.

Kaouito, je l’ai connu à Alger, avenue de la Marne. Je rentre dans la grande brasserie. Je vois une grande table, une atmosphère lourde. Il y avait quatre joueurs, Kaouito, Pastagoule, Fartasse le chauve et le quatrième qui était borgne. Un silence, on n’entendait pas les mouches voler, d’abord, les mouches, elles étaient là, elles bougeaient pas. Rien. Il y avait un enjeu terrible : un demi panaché pour quatre. C’était la guerre. Tapis, Je relance, Tapis. Tout à coup, Kaouito se lève : Messieurs, parmi nous, y en a un qui triche avec effronterie. Je ne dirai pas lequel. Mais s’il continue, je lui crèverai l’autre œil ! »

 

« Kaouito, tu peux me faire une faveur, tu es mon ami ?
- Bien sûr que je suis ton ami, depuis le temps que je mange chez toi !
- Alors voilà, tu peux me changer ce billet de 500 contre 6 billets de 100 ?
- Tu veux dire contre 5 de 100.
- Non, contre 6 de 100
- Mais non, contre 5 de 100
- Si tu me les changes contre 5 de 100, où'lle est la faveur ? »

« A Alger, rue Franklin, y’avait l’Armée du Salut ; ils avaient un petit local.  A Noël, les salutistes, avec le chaudron, vous savez « Noël, Noël, voici le Rédempteur ».  L’autre y fait « Quand c’est qu’il va venir ? » et les gens y jettent du pognon dans le chaudron. Nous zôtes, Serfati, Banana, Mustapha et moi, on était autour pour voir tout ce qui tombait dans le chaudron.  Et on voit une salutiste, belle, une bombe atomique, 90/60/90, un violoncelle !  Tout le monde y voulait faire l’archet.  Moi, je me serais contenté de faire l’étui.  Vraiment belle.  Elle s’approche de Kaouito et lui dit :

- Mon frère, il faut vous convertir. On ne sait pas de quoi demain sera fait.  Tenez, moi, aujourd’hui je suis dans les bras de mon mari.  Demain je serai peut-être dans les bras du Seigneur

- Alors Kaouito, y lui dit  :  « Et après demain, vous êtes libre ? »

Commentaires

  • bousksou mustapha

    1 bousksou mustapha Le 02/06/2011

    Vous savez en lisant quelques extraits cela m a donné nostalgie de l algérie de l époque. Bien que j étais très très jeune en ce temps là, j avoue que c t bien! Les kabyles en général étaient en faveur du maintient des algeriens nés dans ce pays.
    Hélas que ca soit arrivé ainsi! c t une riche. malheureusement les cons qui ont gouverné le pays jusqu a date, n ont pas voulu je ne sais pour quelle raison. Mustapha de québec.

    J aime robert castel, j aime enrico macias, j aime roger hanin, j aime guy bedos, enfin j aime tous les pieds noirs c t ca l algérie! Revenez, on vous attend!
  • villevaud jacqueline

    2 villevaud jacqueline Le 22/01/2011

    Bonjour heureuse de vous retrouver pour ce petit message j'aimrai bien retrouver un DVD de la famille Hernandez avec Robert Castel et Huguette Sahuquet nostalgie qu'en tu nous tiens car je les ai vu sur scène a l'Halambra à Marseille et depuis le souvenir me poursuit salut à tout le monde avec toute mon amitié Jacqueline
  • Ahcène

    3 Ahcène Le 11/10/2010


    je me souviens bien de cet artiste et de son inséparable Lucette aussi, c'était l'époque de la télé en noir et blanc. On riait de bon coeur. C'est surtout son naturel sur scène qui retenait l'attention, (salle de cinéma Majestic de bab el oued)
    Il avait joué également avec notre comique Rouiched, un vrai monstre du théâtre algérien, et du cinéma aussi.
    Les vrais artistes sont de vrais humanistes.

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