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26 mars 1962

23 MARS 1962... LE SIEGE DE BAB-EL-OUED

« Rien n’est jamais acquis. Tout est bataille. On nous le fait bien voir. Nous sommes gênants. On nous efface. On a bâti une théorie du monde où nous n’avons pas de place. On nous verse dans le néant avec nos morts, nos espérances et nos souvenirs. » (Jean Brune)

Vendredi 23 Mars 1962, le général de Gaulle écrit à son premier ministre, Michel Debré, une brève missive :

"Mon cher Premier Ministre,

Tout doit être fait sur-le-champ pour briser et châtier l'action criminelle des bandes terroristes d'Alger et d'Oran. Pour cela, j'ai, sachez-le, entièrement confiance dans le gouvernement, dans le haut-commissaire de la République et dans les forces de l'ordre. Veuillez le dire aux intéressés.

Bien cordialement. Charles de Gaulle."

Le jour même, la transmission et l'exécution de cet ordre sera chose faite.

Ce matin là, un camion militaire pénétra, à Alger, dans le quartier de Bab-el-Oued. Un commando de l'OAS arrêta le véhicule et demanda aux soldats de leur remettre leurs armes. Soudain, parmi eux, un appelé musulman fit claquer sa culasse en armant son pistolet mitrailleur... et ce fut le drame. La fusillade éclata et pour la première fois dans cette guerre d'Algérie, des militaires et des civils allaient s'affronter directement. L'irréparable était commis annihilant par là même tous les espoirs de voir l'armée se soulever à nouveau...

Aussitôt -et durant toute la journée- les forces militaires et de police affluèrent. Des milliers de soldats, gendarmes et C.R.S. encerclèrent le quartier. Des barrages de fils de fer barbelés furent dressés. Bab-el-Oued était isolée du reste du monde...

La Délégation Générale était en liesse. Le quartier serait privé de renforts et de ravitaillements. Enfin ! le règlement de compte allait pouvoir avoir lieu! Bab-el-Oued, le symbole de la résistance en Algérie, allait recevoir le châtiment qu'elle méritait depuis longtemps déjà !...

Très vite cependant, les visages des responsables allaient changer d'expression. Loin d'être impressionnés par ce gigantesque déploiement de force, les commandos de l'OAS réagirent énergiquement. Ils se savaient pris au piège et leur résistance allait être farouche...

Face à 20.000 hommes, décidés à mettre au pas ce noyau rebelle, 150 hommes munis d'un armement hétéroclite mais connaissant admirablement chaque pouce de terrain et sachant pouvoir compter sur la complicité de l'habitant, allaient faire mieux que se défendre, à tel point qu'ils allaient prendre l'initiative des opérations et faire reculer sous leurs coups de boutoir les forces de l'ordre.

Ailleret -qui depuis Juillet 1961, avait été nommé en remplacement de Gambiez- fulminait. Pour l'encourager dans sa fermeté, l'Elysée lui avait offert sa quatrième étoile. Son prestige était en jeu ainsi que celui de tous ses acolytes : Fouchet -haut commissaire en Algérie, Morin -délégué général-, Vitalis Cros -préfet d'Alger-, Debrosse -commandant la gendarmerie mobile- et l'on décida alors de faire appel aux blindés et à l'aviation. Cette fois c'était l'engagement total.

Bab-el-Oued, la citadelle du « pataouet », le quartier de la joie méditerranéenne et de la douceur de vivre, allait subir un terrible châtiment par le fer et par le feu. Les premiers chars qui se présentèrent, tirèrent sans discontinuer sur les façades tandis que deux hélicoptères et quatre chasseurs T6 menèrent une vie d'enfer aux tireurs retranchés sur les toits.

La puissance de feu était telle que les quelques officiers aguerris qui se trouvaient là, se croyaient revenus à la seconde guerre mondiale. Les habitants se jetaient sous les lits alors que leurs vitres volaient en éclats et que les balles de mitrailleuses 12/7 et les obus occasionnaient dans les murs des trous énormes.

De toute part les blindés affluaient vomissant leurs nappes de feu et d'acier. Ils écrasaient les voitures en stationnement, montaient sur les trottoirs et éventraient les devantures des magasins. Derrière eux, suivaient les forces de l'ordre qui, aussitôt, investissaient maison après maison, se livrant à de sauvages perquisitions : meubles brisés, matelas éventrés et à l'arrestation systématique de tous les hommes en âge de porter une arme. Des milliers d'Européens étaient ainsi arrêtés et regroupés dans les quartiers musulmans, sous les quolibets et les insultes.

Pour compléter l'isolement, on coupa les 8000 téléphones qui reliaient encore les assiégés au reste du monde, ainsi que la lumière. Les habitants furent privés de ravitaillement et le couvre-feu permanent établi sur le champ. Les forces de l'ordre reçurent la consigne de tirer à vue sur "tout ce qui bougeait » et on interdit l'accès du quartier aux médecins.

A 20h, il ne restait plus que 20 hommes qui menaient un héroïque combat d'arrière garde pour permettre à leurs camarades rescapés de prendre la fuite par les égouts. A 21h, des ambulances quittèrent le ghetto avec, à leur bord, les derniers résistants. La bataille était finie. Comme la légion à Camerone, l'OAS venait d'écrire là sa plus belle page d'histoire.

Dans les appartements dévastés, on pleurait les morts et on s'efforçait de soigner les blessés. Qui saura jamais le nombre des victimes ? Car à Bab-el-Oued, on soigne ses blessés et on enterre ses cadavres soi-même...

Beaucoup de ces victimes n’avaient en rien participé au combat. Un gamin de quinze ans, Serge Garcia, fut tué dans son appartement ; une enfant de dix ans, Ghyslaine Grès, fut abattue d’une rafale à l’intérieur de sa maison… C’était la litanie du désespoir : Blessés et malades manquant de soins, jeunes enfants saisis de convulsion, femmes enceintes prises par les douleurs… et puis, ce bébé de quarante-cinq jours intoxiqué par la fumée dans son berceau en flammes et cette petite fille blessée à la jambe que la gangrène menace…

Nicolas Loffredo, Maire de Bab-El-Oued témoignera à ce sujet : « Nous sommes intervenus auprès des autorités en faisant remarquer que des bébés étaient en train de mourir. Un officier de gendarmerie me répondit : « Tant mieux ! Plus il en crèvera, mieux ça vaudra ! Il y en aura moins pour nous tirer dessus ». Et comme nous demandions qu’on enlève au moins les morts, il a éclaté : « Vos cadavres, mangez-les ! »

Un goût âcre persistait au fond des gorges, l'odeur de la poudre et du sang stagnait dans les ruelles, des débris de toute sorte donnaient aux ombres habituelles de la rue des contours mystérieux, c'était un monde inconnu qui s'étendait sur chacun. Mais pour autant, le calvaire des habitants européens n'était pas fini et la fouille systématique se poursuivait avec une hargne et une haine inqualifiable. Après le passage des "forces de l'ordre", il ne restait plus rien d'utilisable : à la place des écrans de téléviseur, apparaissait un grand trou noir comme une image fixe de la mort. Les divans, les fauteuils et les matelas étaient crevés comme des sacs de son. Les meubles n'avaient plus de porte, plus de tiroirs, les gravures et les photographies familiales étaient arrachées des murs et piétinées, les bibelots s'entassaient, le linge traînait de-ci de-là, les réfrigérateurs étaient renversés et le ravitaillement détruit. Les familles étaient abattues, toutes leurs "richesses" étaient là, réduites en détritus et en poussières. Tout le sacrifice d'une vie !...

En Métropole cependant, on ignorait ce qu'était réellement Bab-el-Oued. On ignorait que ses habitants étaient tous des ouvriers et de surcroît, les plus pauvres de la terre algérienne. On ignorait que quatre vingt pour cent d'entre eux étaient communistes inscrits au parti et, qu'écœurés par l'attitude du P.C.F, ils avaient tous déchiré leur carte. Pourtant ce sont eux qui fourniront la majeure partie des commandos Delta de l'OAS et c'est parmi eux que se trouveront les plus courageux et les plus tenaces. Pouvait-on, sans faire sourire, les qualifier de nantis et de fascistes ?...

Pendant quatre jours, Bab-el-Oued allait vivre un véritable cauchemar. Pendant quatre jours elle sera isolée du reste du monde, sans ravitaillement et sans soin. Alors, la foule algéroise se pressa devant les fils de fer barbelés qui ceinturaient le quartier et implora le service d'ordre de mettre fin au blocus. Devant le refus systématique des autorités qui tenaient à aller jusqu'au bout de leur vengeance, la solidarité Pied-Noir allait prendre un acte bien méridional. On collecta des vivres pour les assiégés qui les hissaient à l'aide de couffins tirés par des cordes jusqu'aux étages. Mais bien vite, la préfecture de police interdira les collectes, le couvre-feu intégral sera maintenu et Christian Fouchet, la voix hautaine, auto satisfaite, adjura sur les ondes de la télévision les Français d'Algérie, de faire confiance à la France (!) et de refuser de suivre les assassins de l'OAS ! ...

Lundi 26 mars. Bab-el-Oued avait pris le tragique visage de Budapest. Mais, le blocus était maintenu ; la faim tenaillait les ventres, les perquisitions et les arrestations se poursuivaient et lorsqu'un blessé était découvert, on le traînait par les pieds jusqu'aux camions et là, on le "balançait" par dessus bord.

Tout autour du réduit, la population était toujours amassée tentant l'ultime offensive du cœur : "Nous voulons rester Français... Vous n'avez pas le droit de nous combattre et de nous livrer... Notre crime le plus grave c'est de trop aimer notre pays..."

Alors des tracts firent leur apparition conviant la population du Grand Alger à se rendre, dès 15h, drapeaux en tête et sans armes à Bab-el-Oued dans le but de tenter d'infléchir le traitement inhumain infligé aux 50.000 habitants de ce quartier. Le drame couvait…

La fusillade du 26 Mars 1962 à Alger

(Ma mère Yolande Fougère, mon frère Jean-Marc)

« Le 26 mars 1962, ma mère, mon frère et moi, Madame Ortéga, amie de toujours, ses trois enfants Wilma, Lynda et Serge, accompagnés de nos amies et voisines, chargées de victuailles, de lait en poudre pour les bébés, rejoignîmes la foule pacifique de femmes et d’enfants se dirigeant vers les quartiers de Bab-El-Oued qui depuis plusieurs jours faisaient l’objet d’un blocus inacceptable. Blocus d’un quartier français par l’Armée Française ! La solidarité des Français d’Algérie joue encore une fois. Ils sont sans ravitaillement, sans médicaments, les militaires fracturent les portes des appartements, molestent les hommes, les femmes et les enfants, détruisent tout avec joie : « Pieds Noirs pourris». Ils vident de leur contenu tous les placards, au sol l'huile se mêle au sucre et à la farine en cette période où les denrées sont si rares.

Devant la Grande Poste, magnifique édifice de style néo-mauresque, un cordon de Gardes Mobiles revêtus de l’uniforme de gendarmerie mobile nous barre la route, nous parlementons : « Voyez ! Nous ne sommes pas armés, nous sommes des femmes, des enfants, nous portons seulement des produits de première nécessité à nos compatriotes » Les pièces d'artillerie appartiennent au 4° Régiment des Tirailleurs, des F.M sont sur les terrasses, mais les soldats ouvrent le barrage et nous laissent passer. Le lieutenant Ouchène est très nerveux : « Partez ! Partez ! Ne restez pas là ! »

Nous crions notre joie : « L’armée avec nous ! » mais un soldat musulman qui semblait très nerveux nous dit : « n’avancez pas, ils vont tirer ! » Nous avions fait à peine dix mètres qu'une détonation a claqué suivie d'un mitraillage en règle. La fusillade a duré 11 minutes ! Une éternité ! Les gens couraient dans tous les sens, essayant de s'abriter dans les entrées d'immeubles. Ma mère et mon petit frère poussés par la foule sont partis d'un côté tandis que moi, ne sachant où aller, je m'aplatissais sous une voiture en stationnement. Il y avait du sang partout, des lambeaux de chair, mon cœur battait la chamade, je m'inquiétais pour ma mère et mon frère, je tremblais de tous mes membres. « Halte au feu ! Halte au feu ! » Enfin les mitraillettes se sont tues. Les ambulances sont arrivées tout de suite ! Étaient-elles déjà là dans les rues adjacentes ? Une femme hurlait sur le corps de son fils, le drapeau français baignait dans le sang de ses enfants. Les tirailleurs portant des casques verts W 4 (Willaya 4) écrit à la craie étaient des gens du djebel, d'origine maghrébine, surarmés, avec des gilets porte-grenades, des automitrailleuses étaient à chaque coin de rues. Les officiers hurlaient le cessez-le-feu mais les soldats continuaient de tirer. Certains civils furent abattus à bout-portant.

Le Docteur Massonnat en blouse blanche est à genoux et essaie de soulager un blessé ; il est abattu d'une balle dans la tête.

Des camions GMC bâchés, apparemment vides avec seulement le chauffeur, attendaient. Après la fusillade des soldats sortirent des civières de ces camions et commencèrent à ramasser les corps. Tout était donc bien prémédité !

D'autres CRS ouvraient le feu du tunnel des Facultés à la rue Michelet et à la rue d’Isly.

A la morgue, les corps furent alignés par terre, nus, sur trois niveaux sur des paillasses, parmi eux des fillettes, un bébé, des femmes.

Sur ordre des autorités, les corps seront enlevés au petit matin, par camions militaires, ensevelis à la sauvette, sans même une cérémonie religieuse. C'était un véritable piège.

Pour les survivants, la terreur s’installe : le rêve est brisé.

Nous sommes traumatisés, beaucoup d’entre nous refusent d’admettre la vérité : à savoir qu’une troupe française a tiré sur nous ! Des Français désarmés ! Des femmes, des enfants !

Notre moral est très atteint. Nous compriment à ce moment-là que la partie était perdue. Les épreuves étaient pourtant loin d’être terminées.

La violence engendre la violence, c’est bien connu !

L’Hôpital Mustapha ne désemplit pas ; les Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul soignent sans répit les Musulmans comme les Français. Les cornettes blanches amidonnées de leur coiffe courent dans les couloirs ; «Ya Rouhia » mon frère qu’est ce qui se passe ! Les hommes sont fous !

Ce n’est plus possible, les gens commencent à partir, tous ceux qui ont de la famille en France, ou ailleurs, partent.

Mon oncle Robert Fallour et ma tante Charlotte de Cap-Matifou, se réfugient à l’École de l’Air pour y chercher protection, en attendant de pouvoir partir. Leur maison, à peine terminée, dans la cité des Castors est aussitôt occupée. Ils vécurent dans ces dortoirs pendant plusieurs mois. Le personnel devait être rapatrié, mais cela n’a pas pu se faire tout de suite. Leurs deux chiens des labradors adorables mais bons gardiens furent égorgés et accrochés par leurs colliers au portail. Vengeance gratuite, tuer pour le simple fait de tuer.

La forêt de Baïnem brûle, les habitants se réfugient sur les plages et dans l’eau, tellement la chaleur est insupportable.

Insupportable aussi la vision d’un monde qui s’écroule.

Mon père ne décolère pas, il enrage, il se sent trahi, humilié, abandonné, devant tant d’injustice et d’incompréhension. Lui qui a quitté sa Normandie natale pour rejoindre Londres à l'appel du Général De Gaulle, qui a combattu à Bir-Hakeim, à El Alamein, en Lybie, en Palestine, il se sent trahi. Sa foi et son amour pour son cher pays le soutiennent, mais que faire devant tant de massacres d’innocents. Car cette guerre n’est pas une guerre ouverte, c’est une guérilla où les civils, femmes, enfants, vieillards Musulmans et Français sont les premières victimes.

Le 18 juin 1962, nous quittons l’Algérie, cette terre où sont restés nos arrières grands-parents, qui l'ont enrichie de leur corps et de leur sueur.

Nous voilà partis sur les chemins de l’exil.

C'est pour cela que nous ne voulons pas que le 19 Mars soit une date définie comme étant la fin de la guerre d'Algérie, puisque c'est après cette date que les attentats et les enlèvements firent le plus de victimes.

Il s'agit de supprimer une victoire française au profit d'une déroute française qui a entraîné plus de morts après le 19 mars que pendant 7 ans de guerre, au profit d'un acte de lâcheté qui a signé l'abandon des Français d'Algérie, voués à la mort, aux enlèvements, aux massacres, aux actes de cruauté, à la barbarie, aux tortures les plus inconcevables ... pour une Algérie devenue une flaque de sang.

Commémoration du 26 Mars 1962

Les Porte-drapeaux sont là, les Anciens Combattants aussi arborant avec fierté leurs décorations et Croix de Guerre, une petite foule se recueille, nous sommes peu nombreux, le poids des ans pèse sur notre peuple, nous sommes deux témoins oculaires de cette fusillade, Monsieur Cyr Ascione : Président de L'ANFANOMA et moi. Je me souviens de cette terrible journée comme si c'était hier. Ma mère et mon petit frère m'accompagnaient.

Témoin de ce fait historique et tragique, j'ai pu constater au cours des années à quel point la relation officielle des faits était distordue par rapport à la réalité et une fois ces versions déformées par des opinions personnelles, politiques ou sociales, la Vérité est perdue à jamais, sauf pour ceux qui ont assisté à ces événements.

On constate encore une fois, une tendance à la manipulation où seuls quelques privilégiés (qui bien souvent n'étaient même pas sur les lieux) ont le droit de raconter l'Histoire.

Nous avons eu, encore une fois, en cette journée du 26 Mars, la preuve de la désinformation et de la méconnaissance de la véritable histoire de l'Algérie Française. Monsieur l'Adjoint au Maire a lu un discours où il est fait état que « l’OAS aurait tiré sur les soldats », et les soldats auraient alors riposté. En tenant ce discours la France se déculpabilise. Nous savons, nous, qui y étions, que la foule était pacifique et désarmée (a-t-on trouvé des armes sur les cadavres et les blessés ? non !)

Les soldats du 4° RT (Régiment de Tirailleurs : une armée de métier) ont tiré parallèlement au sol, sur la foule et non en direction des toits d'où serait venu cet énigmatique coup de feu.

Le représentant du Maire s'est sincèrement excusé ainsi que le Chef du Protocole, lequel m'a demandé en signe d'apaisement de m'associer au dépôt de la gerbe de la Mairie au pied de la Stèle.

La plupart des personnes présentes sont parties indignées.

La cérémonie s'est poursuivie avec la Sonnerie aux Morts, la Levée des Drapeaux, le Chant de la Marseillaise et le Chant des Africains.

Jocelyne MAS
Écrivain
Prix des Arts et Lettres de France

Extrait de mon livre « Il était une fois ma vie, Alger la blanche »

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