Des petits bouts de rien

Je parle du tri de caisses et cartons après le décès de maman.

 

Mes chéries,

Il est quatre heures quarante-cinq, ce matin, et je suis levée depuis deux heures car je n'arrivais plus à dormir.

Hier soir, Joël et moi avons passé avec notre petit Mimi une soirée rare comme nous n'avons pas passé depuis des lustres ! C'est-à-dire, une soirée "normale".

Y… a dîné en rentrant du travail et s'est endormie. Quant à P …, il est allé dîner et coucher chez M …. Le téléphone n'a pas sonné.

Le petit, qui n'était pas dissipé puisque nous étions tranquilles, a très bien mangé et tous les deux, nous avons rangé la caisse de jeux de Madame Turpinat, tandis que Joël regardait un peu la télé.

Je me demandais par quoi nous paierions ces deux-trois heures de tranquillité - je viens d'en découvrir le prix : vers la chaudière, notre petit chat noir et blanc, Jack, qui était si doux, si câlin, vraiment adorable, la tête ensanglantée, mort, raide.

Je ne dois pas me plaindre. Je remercie le Ciel que ce ne soit que le chat mais quand même, on n'a pas le droit de souffler un peu ?

J'avais déjà le cœur gros quand j'ai ouvert ce carton pour essayer de grouper un peu. Je vous le laisse tel qu'il est : la poussière, les petites poussières de tabac et autre, toute notre maman et un peu de notre papa sont là dans ces petits cartons. Des bouts de crayon, d'infimes morceaux de craie ... des perles ... des dents ... ça tient dans trois boites à cigare et il faudrait des pages pour tout énumérer et on ne pourrait pas décrire ces odeurs mêlées, cette présence de notre maman dans ces petits riens.

Oh, mes sœurs chéries, comme je voudrais être avec vous, me blottir contre vous et pleurer dans vos bras.

Je vous aime tant toutes les deux, mes grandes, je ne sais pas comment vous le dire.

Je vous embrasse de tout mon (gros gros) cœur.

Votre petite sœur Paty.

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